En voilà une question me direz-vous, et pourtant... Que reste-t-il de ces moments privilégiés, parfois furtifs, qui nourrissent cette période tant attendue ? Existe-t-il une sorte d’empreinte qui marque notre parcours de vie à travers ces quelques instants volés au quotidien … et quel en est exactement l’impact au fil des mois ?
Plusieurs psychologues se sont penchés sur les effets à long terme des vacances et retiennent que ces périodes de liberté et de plaisirs imprègnent durablement notre personnalité. Ainsi, la possibilité de revivre certaines expériences par la pensée, de les raconter, permettent d’en réactiver les émotions et de fait, d’apporter au corps comme au mental les sensations agréables du vécu. La mémoire se trouve sollicitée et comme ravivée. Or, le souvenir, souvent enjolivé, va favoriser cette survenance de bien-être et créer en quelque sorte une heureuse répétition.
De plus, notre cerveau fonctionne à volonté sur un mode « voyage dans le temps » épuré. Il est effectivement avéré que nous conservons les meilleurs instants et que nous oublions aisément les petites contrariétés (les embouteillages par exemple !). Notre mémoire épisodique, celle-ci même qui forge notre personnalité de nos vécus et expériences, se trouve ainsi nourrie de manière positive en continu.
Et pour peu que ces expériences s’inscrivent dans la découverte d’une activité, d’un pays, d’un mode de vie…, elles vont renforcer cette capacité d’inscrire en nous des sensations agréables, voire des émotions, grâce à l'attrait de la nouveauté.
C’est tellement vrai de nos jours, que nous en venons parfois à envisager nos vacances sous l’angle de l'originalité à tout prix, de l’extraordinaire, voire du sensationnel. Et pourquoi ?
Certes pour vivre des sensations fortes - peut-être, mais le jeu apparait quelquefois pernicieux car des études tendent à montrer que la motivation peut se trouver dans le « faire-valoir » ! Non seulement petites ou grandes aventures se partagent entre amis mais elles se diffusent à travers les réseaux sociaux et aident à nourrir une image, voire une identité ; celle-ci sera perçue par des dizaines « d’amis » : quelle vitrine !! Et le phénomène peut s’amplifier par le partage avec de nouveaux contacts… et un réseau qui s’agrandit, s’amplifie !
Alors de là à induire des attitudes extrêmes comme celles évoquées par les chercheurs en marketing américains, Anat Keinan et Ran Kivetz*, sous la forme de « CV d’expériences » pour « en jeter plein la vue » aux copains et collègues…En somme une course à la compétition du « plus original », du « plus sensationnel », du « plus … ». De fait, avant de nous enthousiasmer pour un projet de vacances exceptionnelles, comme l’ascension du Kilimandjaro, ou un voyage à cheval dans les steppes avec nuits en yourte, demandons-nous si nos motivations s’inscrivent dans l’appétence à vivre cette expérience peu commune ou bien si c’est l’objectif de valoriser celle-ci sur les réseaux sociaux qui éveille notre sens de l’aventure…
Il ne s’agit surtout pas de stigmatiser le véritable sens de nos choix de vacances mais plutôt de bien identifier ce qui nous enthousiasme et nous construit avec plaisir et authenticité.
Quoi qu'il en soit, si l’intérêt de posséder le dernier iPhone passe très vite, l’investissement dans un voyage insolite marque les esprits sur le long terme. Il contribue à la personnalité et peut également renforcer l'estime de soi.
Enfin, ne nous privons pas de songer à nos futures vacances - même si vous en revenez depuis peu - car il est avéré que le simple fait de préparer un voyage, de se projeter dans un séjour plaisant, favorise la bonne humeur !
Alors n’hésitez pas, cultivez votre champ de positif, avec des petits et grands bonheurs, passés ou futurs …, c'est bon pour la santé.
* Anat Keinan and Ran Kivetz
Journal of Consumer Research / Vol. 37, No. 6 (April 2011), pp. 935-950
Source : RAMONNET Christine (Sophrologue) • RENAUDIN Stéphanie (Sophrologue)